Comprendre la douleur pour mieux la traiter


La douleur est un motif de consultation que nous retrouvons le plus dans notre pratique ostéopathique. Bien que ce motif soit commun, nous nous sommes aperçus que la douleur est malheureusement souvent sous-estimée par les professionnels et mal comprise par les patients

Commençons par un QUIZZ : devinez si les affirmations suivantes sont vraies ou fausses. 

 

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Le corps et l’esprit sont deux entités distinctes ?

Comprendre ce qu’est la douleur, demande de considérer notre corps sous un angle nouveau. En effet, depuis Descartes, notre culture opère artificiellement une séparation entre le corps et l’esprit. Cependant les découvertes récentes en neurobiologie démentent ce postulat car rien n’échappe au système nerveux : tout ce qui se déroule dans le corps n’échappe au système nerveux et rien de ce qui se passe dans le système nerveux ne laisse le corps indifférent. Le système nerveux contrôle et protège le corps. Le corps et l’esprit ne font donc qu’un.

Le corps et l’esprit constitue deux portes d’entrée privilégiée pour la prise en charge de la douleur. Cette notion est notamment indispensable dans la prise en charge des douleurs chroniques comme nous le verrons ultérieurement. 

REPONSE : FAUX !

 

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La douleur, c’est dans la tête !

Fakir

De même, l’idée que la douleur naît dans la structure lésée est fausse. Le système nerveux relaie les messages perçus par les capteurs situés dans la peau ou les organes jusqu’au cerveau. C’est ensuite lui qui analyse et interprète des informations venues du corps, et c’est lui qui produit les sensations douloureuses, tout comme il produit le chagrin, la joie, la peur etc. 

Les messages douloureux sont modulés par le système nerveux central, qui dans certaines circonstances sécrète sa propre “morphine” naturelle, les endorphines. Il est important de noter que dans le cas des douleurs chroniques, ce n’est non seulement le fonctionnement du cerveau qui est modifié mais également son anatomie. 

REPONSE : VRAI

 

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Quand je vois ma radio, ce n’est pas étonnant que j’ai mal au dos !

Mal de dos

La douleur n’est pas un phénomène « observable ». Le message douloureux est mesurable mais pas la sensation douloureuse qu’il produit.

C’est une des raisons pour laquelle la douleur est souvent sous-estimée. Et pourtant, la douleur est comme un coup de sirène que le corps va émettre. Elle doit donc être considérée comme telle et est indiscutable comme la faim, la fatigue, le sommeil. 

REPONSE : FAUX !

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Nous sommes tous égaux face à la douleur !

Même si le seuil de perception de la douleur est identique chez tous les individus quand il n’y a pas de lésion du système nerveux, le seuil de tolérance diffère d’une personne à l’autreToutes les individus ne ressentent pas la douleur de la même manière et toutes les douleurs ressenties par un même individu ne sont pas identiques. 

Notre seuil de la douleur est déterminée par notre culture et société, notre vécu, notre famille, notre sexe. Tous ces facteurs sont très importants à prendre en compte dans la prise en charge de la douleur. Par exemple, nous savons que les femmes sont plus sensibles à la douleur que les hommes. C’est pourquoi les traitements qui en découlent doivent être adaptés. Un message douloureux produit d’abord une émotion dans le thalamus, et est rationalisé que dans un second temps dans le néocortex. La mémoire a la capacité de conserver les informations et expériences passées et nous sensibilise par conséquent aux expériences douloureuses. A noter que la douleur est un phénomène neurologique. La souffrance est un vécu affectif. 

REPONSE : FAUX !

 

Pour simplifier le propos dans la suite de notre présentation, nous ferons une distinction entre douleurs aiguës et douleurs chroniques.  Voici un tableau les comparant afin de mieux fixer les idées. 

Douleurs aiguës

Epines

Douleurs chroniques

iceberg
Le mot aigu ici ne signifie pas nécessairement intense mais plutôt “d’apparition brusque et rapide”.

Cette douleur est la réponse physiologique normale à un message douloureux. 

Elle est donc utile et permet de protéger l’organisme d’un éventuel danger. 

Le but du traitement sera d’en déterminer la cause et de la soigner. 

C’est une douleur-symptôme

A cette notion de courte durée s’oppose la notion de douleurs chroniques de qui perdure dans le temps au-delà de trois mois c’est-à-dire au-delà de la réparation tissulaire.

Ces douleurs sont dues à un dysfonctionnement du système nerveux. 

C’est une douleur-maladie.

Par conséquent il est crucial de la traiter dans toutes ses dimensions, émotionnelles, affectives et sociales. 

 

La littérature scientifique a permis d’identifier des facteurs de risque de ‘chronicisation’ de la douleur qu’il est important d’identifier rapidement dans la prise en charge.

Voici une liste non exhaustive : 

  • Âge supérieur à 45 ans
  • Antécédents de lombalgie ou de chirurgie lombaire
  • Prise en charge tardive de la lombalgie aiguë avec repos au lit strict + arrêt de travail prolongé
  • Contexte socioprofessionnel : poste de travail, insatisfaction au travail
  • Contexte psychologique : anxieux, stressé, dépressif
  • Contexte médico-légal : accident du travail
  • Hygiène de vie : sport, alimentation, sommeil. 

 

Mieux comprendre sa douleur permet de mieux de la traiter, s’informer et être acteur dans sa prise en charge sont des éléments cruciaux. 

 

Rédigé par :

Christophe Annat, ostéopathe

Co-fondateur du centre Ostéo&+.
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