Retour sur notre conférence Ostéo&+ : Adaptabilité, ses pendants positifs et négatifs
Suite à de nombreuses demandes, nous publions cet article qui est une retranscription de la présentation de Corinne Riest à notre conférence Ostéo&+ sur l’adaptabilité du 24 juin 2021. Bonne lecture.
Vous pouvez également retrouver l’ensemble de notre conférence sur notre chaîne Youtube.
ADAPTABILITE : SES PENDANTS POSITIFS
1er Point : Adaptabilité de l’Humain qui naît vulnérable / Facultés de cette adaptabilité nécessaire à sa survie.
Comme on le sait, l’humain nait nu et inadapté. Dépendant et inabouti et les pensées scientifiques sont unanimes à dire que le petit d’humain est le seul être qui arrive au monde non fini. La plupart des animaux se mettent debout dès les premières minutes après leur naissance et vont chercher leur nourriture. Le petit d’Homme non. Il ne possède aucune maitrise tonique et motrice de son corps, son cerveau étant le plus inachevé de tous les primates.
Son adaptabilité des premières heures, il la doit à lui-même qui, de manière spontanée apprend seul à respirer, réguler sa température, sentir la faim, la soif etc… mais aussi à sa mère, sa seule référence possible à l’ancien monde aquatique qu’il vient de quitter et ce nouveau monde aérien dans lequel il entre. Il connait déjà beaucoup d’elle pour l’avoir goûté, senti, entendu, touché, suivi dans son mouvement, guidé par sa voix, ses gestes, ses intonations, ses vibrations ou les battements de son cœur, allant jusqu’à même percevoir son ambiance émotionnelle. C’est plus qu’une empreinte corporelle qui relie le petit d’Homme à sa mère, puisque dans son monde aquatique, elle était déjà le monde, et dans ce nouveau monde aérien, elle sera vécue par lui, dans les premiers temps de sa vie, comme une extension de son propre corps. Il est donc évident que la prégnance de cette mère influe son adaptabilité au monde, sa sensorialité, sa sécurité interne.
Françoise Dolto première psychanalyste des tous petits, nous a démontrer que le bébé n’était pas simplement un tube digestif à remplir et que sa mère était aussi son adaptation au monde. Elle avait vu nombre de nourrissons qui, sans être touchés, parlés regardés et câlinés par leurs mères après leur naissance, sans ce stimuli indispensable certains naissants n’intégraient pas le monde environnant et refusaient de se nourrir. Face au drame alors du bébé anorexique elle avait émise l’idée toute simple mais tellement pleine de bon sens d’entourer l’enfant dans les vêtements portés par la mère absente faisant ainsi retrouver au bébé son lien fondateur.
Et le nourrisson grâce à cette fausse présence maternelle acceptait de téter. Il lui manquait autrement cette pièce de puzzle indispensable à son rapport au monde. Entouré ainsi de l’odeur de sa mère il pouvait maintenant s’adapter à la vie environnante, il y reconnaissait quelque chose qui sensoriellement ouvrait sa propre sensorialité et donnait à son inconscient le désir de vivre.
Dans la même situation certains nourrissons mangeaient quand d’autres ne le pouvaient pas, ce qui montre à quel point dès le plus jeune âge, la singularité de l’adaptation humaine est propre à chacun. Car si nous-mêmes sommes ici, c’est que globalement nous nous sommes plus ou moins bien adapter depuis notre naissance et ces capacités d’adaptation ont été soit instantanés soit progressives, mais quoi qu’il en soit nous ont permises de grandir correctement.
Et puisque dans le monde vivant en général, la capacité d’adaptation à des situations naturelles changeantes est indispensable, les espèces qui n’y arrivent pas périssent. Quant à celles qui y parviennent, elles vont parfois jusqu’à opérer en elles des mutations génétiques pour perdurer. Et dans ce domaine l’humain est le plus évolué de tous, le plus adaptable, peut-être, sans doute pour combler justement la vulnérabilité de son début de vie.
2ème Point : Adaptabilité nécessaire et ses apports : les ressources trouvées en soi, les forces dans cette adaptabilité constitutionnelle de l’Humain.
L’adaptabilité de l’adulte s’apparente aux ressources trouvées, à l’élévation de forces parfois insoupçonnées en soi à une soif d’évolution. Au fil des siècles l’humain s’est habillé, redresser, est devenu agile, son cerveau se développant toujours plus, sa créativité aussi, bref étant en constante mutation. Et si nous projetons l’humain de demain, sans doute que cet homme acceptera, sous couvert de progrès, l’intelligence artificielle, et l’idée de devenir un homme augmenté, il acceptera les puces dans son corps parce qu’il considèrera que c’est sa nouvelle mutation, son évolution. Le sentiment alors que ce qui aurait semblé impossible à vivre 30 ans auparavant sera rendu possible justement grâce à cette adaptabilité constitutionnelle de l’Homme. Pour survivre ou évacuer la peur de mourir l’homme est capable de tout accepter. Et si demain on promet à l’homme de vivre deux-cents ans à la condition de micro-ordinateurs dans le corps, au début il tremblera un peu, mais il les acceptera ensuite. Il acceptera aussi, au risque de s’y perdre, qu’on lui retire des souvenirs douloureux pour les remplacer par des plus agréables certes mais qu’il n’aura pas vécu, ceci lui faisant perdre sa propre histoire, parce que ce sera son nouveau confort, il deviendra alors un autre Humain, et l’Homme de l’année 2000, presque un homme de Cromagnon.
L’adaptabilité de l’Humain c’est ça mais elle est aussi et de prime abord sensorielle nous parlant donc de nos sens exactement comme lorsque nous étions bébé. Ce monde qui nous pénètre par la bouche, la peau, l’odorat, la vue, l’ouïe, nous le goûtons avec tous nos sens. L’adaptation alors, nous pourrions la séparer en deux parties. Celle agréable qui touche chez l’humain à sa sensation de plaisir et celle désagréable qui touche à sa sensation de déplaisir. Dans celle liée au plaisir, pas de difficultés d’adaptation. Le chocolat ou le bon verre de vin ne sera pas une grande adaptation puisque le monde qui l’a créé nous sert sur un plateau ce qui est en corrélation avec notre plaisir.
Par contre l’adaptation liée au déplaisir pourra avoir quelque chose d’insoutenable dans un premier temps. Pourquoi et comment manger ce qui nous serait détestable ? Être en contact avec une matière qui nous rend épidermique ? Supporter des odeurs nous donnant la nausée ? Entendre le bruit des machines toute la journée dans une usine au point de l’entendre encore la nuit et d’en avoir des migraines ? Simplement à cause de la peur qui nous met dans une situation de survie.
Car la sensation de survie n’est pas la vraie survie. Votre avion s’est craché au milieu de nulle part, vous êtes un survivant et n’avez plus qu’un cadavre à manger, vous le mangerez pour survivre, là est un exemple de vraie survie. Alors que la sensation de survie, ce serait plutôt je me ressens dans la survie alors que je n’y suis pas puisque ma vie n’est pas menacée mais j’ai peur. La peur est toujours réelle, l’objet de la peur souvent imaginaire mais quoi qu’il en soit cette peur nous fera accepter l’inacceptable au point qu’à un moment donné l’inacceptable deviendra acceptable et créera l’habitude. Et ces images violentes d’enfants décharnés et affamés à la télé ne devront pas nous rendre malade, au risque d’être menacés d’extinction. On devra donc s’en protéger, en être le moins possible atteints et donc s’y adapter puisque la vie est à ce prix.
Alors pollution ? Enfermement ? Dérèglement climatique ? Ondes ? Intelligence artificielle ? Violence ? Famine ? (la liste n’est pas exhaustive) : Adaptation. Et c’est relativement facile puisque la faculté d’adaptation irrécusable de l’homme est la plus étendue que tout autre paramètre en lui. Le meilleur ami de l’homme on l’aura donc compris, c’est son adaptation et son pire ennemi est aussi son adaptation. On pourrait presque dire que les personnes qui se suicident sont dans l’inadaptation de leur environnement avec cette impossibilité d’adaptation.
L’ADAPTABILITE : SES PENDANTS NEGATIFS
1er Point : L’adaptabilité : Quand le jusqu’où devient le trop loin
Alors adaptabilité jusqu’où ? Et oui, si l’humain s’interrogeait sur sa faculté d’adaptation à ce dont il n’aurait pas été adaptable, il pourrait voir à quel point il va loin, trop loin pour s’adapter.
2ème Point : L’Adaptabilité « délétère » avec notre environnement commun du moment et cette crise du Covid
Facultés de cette adaptabilité jusqu’à l’incompréhensible et la disparition du libre-arbitre.
Venons-en maintenant à notre environnement commun du moment et cette crise du covid. Depuis une bonne année tous les paradigmes de notre vie ont changé et on voit à quel point chacun de nous le vit d’une manière différente.
Si nous évoquons les masques alors qu’avant nous détestions en majorité tout ce qui couvrait les visages et nos moyens d’expression, sauf pour les plus récalcitrants d’entre nous, nous nous sommes conformés au port du masque, jusqu’à entendre dire pour les plus adaptés que le masque faisait maintenant partie de leur personne et qu’il n’était même plus senti puisque déjà l’habitude en avait été prise. Psychologiquement c’était donc fait au point même que la peur fasse garder le masque en extérieur alors que l’obligation en a été levée. Pour ceux-là il représente une sécurité, une sensation de survie, donc il est maintenu, quand pour d’autres il représentait un corps étranger, une intrusion sur leur bouche dépassant de loin la peur de la maladie, donc retiré.
Pareil pour l’immobilisme à la maison, le télé travail, huit heures devant l’écran sans bouger. Pour certains c’était rassurant de rester chez soi, cloîtrer tout autant dans le travail que dans le confinement quand pour d’autres l’inadaptation faisait que c’était une intrusion dans leur vie lié à un abus des libertés individuelles. Certains avaient peur de perdre leurs libertés quand d’autres avaient peur du virus.
Ceci engendrant cela, ne plus nous toucher, jusqu’à l’irraisonnable de ne plus devoir s’approcher à moins de un mètre si nous suivions les consignes, était peut-être le plus grand changement de paradigme. Annuler tout bonnement le lien corporel, sachant que comme nous l’avons vu précédemment avec le nourrisson qui se suicide, combien de personnes se sont laissées dépérir seules chez elle, sans lien autour. Nous avons entendu parler de ces gestes barrières, au début sans doute que le terme nous a effrayer, justement parce qu’émotionnellement il résonnait de manière effrayante, mais lorsqu’il est passé par le mental et a perdu sa charge émotionnelle, que nous nous y sommes habitués, nous l’avons employé de manière banale. Tout comme le terme de couvre-feu. Nous nous sommes également adaptés à ne plus sortir, ne plus nous voir, perdre nos commerces, nos lieux de convivialité etc… parce que dans l’idée générale, la survie était à ce prix.
Certaines personnes se sont adaptés en l’espace de quelques semaines au coronavirus. Ils sortirons peut-être demain des confinements comme si de rien n’était, certains de reprendre leur vie comme avant. Avec un air mi-victorieux de s’être si bien adaptés, et mi-triste de se rappeler certains évènements. Certains introduiront dans leurs vies de nouvelles techniques ou de nouvelles adaptations, par exemple certains maintiendront les gestes barrières, d’autres les masque l’hiver comme si la vie d’avant n’avait jamais existé. Ceux-là auront opéré en eux une mutation psychologique.
Et cette crise de covid est un merveilleux enseignement à ce qu’est d’adaptation ou l’inadaptation. Car a défaut d’adaptation l’homme pense aller vers le pire, la mort ou la dégénérescence, au mieux vers l’inadaptation et la désadaptation, appelant à son tour une réadaptation. Quoi qu’il en soit dans tous ces termes c’est l’adaptation qui se décline sous toutes ses formes. C’est pour cela qu’on appelait les inadaptés, les désadaptés : les complotistes qu’il fallait réadapter.
IL se peut alors que l’homme ne pouvant pas s’adapter, se tourne vers ses tendances à la régression, à l’immobilisme, à la rétrogradation. La société pourra alors le voir comme quelqu’un qui n’avance pas alors qu’en fait son état d’être ne sera pas si négatif. Il résistera juste de la mauvaise manière pour lui à ce que la société des hommes lui impose.
CONCLUSION
Quelle solution alors ? une seule je crois : S’adapter en conscience
S’adapter en conscience c’est aussi prendre conscience que le génie humain est comme impliqué dans sa propre précarité. Qu’il peut mener son génie à sa propre élimination et qu’il faut donc rester prudent, pas peureux, prudent. Elaborer des bombes atomiques, sachant que celles-ci pourraient éliminer sa propre espèce est un non-sens, et pourtant le génie humain le fait.
Mais s’adapter en conscience c’est aussi et surtout rester libre et adulte. Rester un homme debout, ne pas baisser la tête ou courber l’échine. C’est prendre ses décisions pour soi-même, en accord avec soi-même et toujours garder son libre-arbitre. Pourquoi je mets le masque ? Parce que je le décide et qu’il me semble cohérent, sinon comme je dois le porter pour rentrer quelque part, je le mets mais je ne m’habitue pas. Et tout est là : Je m’arrange avec moi-même à ne pas créer l’habitude. Autrement sans l’aval de l’idée que je me fais de la situation, l’humain est amené à une paresse intellectuelle et il en perd son statut de responsable de sa vie.
La pépite de l’adaptabilité c’est donc la conscience, être en lien avec soi-même, avec le choix de faire de sa vie et de cette crise liée au Covid, un choix de vie personnel. Vous pourrez rester confinés toute votre vie si c’est votre choix personnel et donc ne pas en être victime. Mais avant de me confiner, je m’interroge, avant de me faire vacciner, je me renseigne, et je prends mes propres risques sans être victime de ce qui pourrais m’arriver parce que je l’ai décidé. Je lis, j’interroge, je ne crois pas forcément ce qu’on me dis, puisque je suis acteur de ma vie, que je suis aussi un acteur de cette crise sanitaire, sociale, économique et tout ce que ça engendre. Je me fais ma propre opinion parce que ça me regarde, je ne me laisse pas balloter de gauche à droite. Je mets en balance mes peurs, sont-elles vraiment fondées ? Elle mobilise alors l’intelligence, la curiosité, fait sortir de sa zone de confort. C’est ça la véritable révolution en soi, car l’adaptabilité non consciente fait tomber l’humain dans l’infantilisme, donc sans maîtrise sur sa vie, avec la victimisation en toile de fond. Alors quelles que soient vos décisions, choisissez toujours pour vous.
Rédigé par :